Cette semaine est sainte parce parce qu’elle nous rappelle la passion de Jésus, chemin ultime de souffrances où l’ont conduit la nouveauté de son enseignement, sa confiance en la bonté du Père pour les humains, ainsi que l’incompréhension de ses disciples et le rejet de chefs religieux de son peuple.
Juste avant son dernier repas avec ses disciples, Jésus leur lave les pieds, un geste habituellement accompli par des serviteurs. Il veut montrer par là que nous sommes appelés à devenir les serviteurs les uns des autres, et surtout que les plus grands ou les plus élevés en dignité deviennent les serviteurs de plus petits et des exclus. Pas besoin d’être très savant pour comprendre la portée du signe: il parle de soi. Aussi gênant que ce fût pour les disciples, l’évangéliste Jean l’a rapporté et cela a été raconté aux générations futures comme l’un des derniers enseignements de Jésus.
Mais ce n’est pas le seul geste de Jésus que Pierre n’a pas compris. Il n’a pas davantage compris qu’être son disciple devait le conduire à être traité de la même manière. Il s’y est refusé tant qu’il a pu. Il déclaré ne pas connaître cet homme, qui pourtant l’aimait. Mais, qui parmi nous peut dire qu’il aurait agi autrement?
Combien de fois me suis-je servi avant les autres? Combien de fois ai-je fait passer mes besoins et mes idées avant ceux des autres? Combien de fois ai-je calculé avant de me mettre au service d’un autre? Cet enseignement est encore et toujours d’actualité. Qu’attend-on pour raconter à nos enfants ce geste célèbre de Jésus et la bêtise de Pierre qui représente tous les disciples de Jésus, passés ou contemporains?
La bêtise de Pierre ne se reproduit-elle pas aujourd’hui quand le Pape Benoît XVI rappelle aux prêtres autrichiens et ceux qui les suivent, qu’ils lui doivent obéissance parce qu’il ne fait que suivre la volonté de Dieu, notamment à propos de l’ordination des femmes? Pourtant pas de discours semblable dans la bouche de Jésus. Je pense même qu’aujourd’hui Jésus surprendrait ses disciples en agissant en dépit des conventions et des convenances. Benoît XVI l’a répété: il lui est impossible de considérer l’appel des femmes au sacerdoce comme la volonté de Dieu. Est-il si différent du disciple Pierre? Et que dire des nombreux évêques, prêtres et fidèles qui raisonnent comme Pierre?
On a dit que «Pierre» voulait dire un roc, ce roc sur lequel serait bâtie l’Église. Mais pierre veut autant dire tête dure. Ceux qui ne jurent que par le pouvoir mâle dans l’Église catholique arriveront-ils à comprendre? Viendront-ils à comprendre qu’il ne sont pas supérieurs aux femmes qui désirent servir comme prêtres? Verront-ils un jour que ces femmes ont quelque chose à révéler du mystère de Dieu? Sinon, ce Pierre passera, ainsi que ses semblables. Ce qui ne passera pas, c’est la leçon d’humanité et d’humilité donnée par Jésus et que nous devons raconter en ce Jeudi saint.
Cette semaine est sainte, car on se rappelle que Jésus a donné l’exemple du service des petits et des exclus. Je prie que notre Pape comprenne ce que ça veut dire aujourd’hui dans l’Église.