«Carême» est un nom issu du latin populaire quaresima, altération du latin classique quadragesima, quarantième, pour quarante jours avant Pâques. (Le Robert historique, 1998)
Quand on entend carême, on pense généralement à une privation de nourriture ou de quelqu’autre objet de consommation qui peut être en même temps source de plaisir. La tradition du jeûne s’est perdue depuis que les catholiques d’ici sont privés de l’enseignement religieux et de l’enseignement dispensé à l’occasion des célébrations liturgiques. Ceci dit, je pense que le jeûne fait partie de l’identité chrétienne, oui, celle que nous recherchons après avoir tant cherché à nous libérer de tout ce qui était contraignant dans la religion. C’est pourquoi il importe donc d’en redécouvrir le sens. D’abord, le carême prend son inspiration dans le séjour de Jésus au désert pendant 40 jours:
«Jésus, rempli d’Esprit Saint, revint du Jourdain et il était dans le désert, conduit par l’Esprit, pendant quarante jours, et il était tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et lorsque ce temps fut écoulé, il eut faim.» (Luc 4,1-2)
Un chrétien pense au jeûne souvent pour suivre la coutume, mais tout au fond il faut y voir une poussée de l’Esprit Saint. C’est le même Esprit Saint qui est descendu et a reposé sur Jésus au baptême et l’a poussé ensuite au désert. C’est le même Esprit qui a ressuscité Jésus à Pâques et quand, à la Pentecôte, Pierre annonce à la foule que les temps sont accomplis, il déclare que se réalise la parole du prophète Joël:
«Alors, dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair, vos fils et vos filles seront prophètes, vos jeunes gens auront des visions, vos vieillards auront des songes; oui, sur mes serviteurs et mes servantes en ces jours-là je répandrai de mon Esprit et ils seront prophètes.» (Actes 2, 16-18)
Cette annonce me concerne aujourd’hui et décrit mon identité de chrétien. Je comprends par là que tout baptisé devient prophète, quand l’Esprit Saint répand l’amour dans son cœur, quand il lui suggère de prier, quand il raffermit sa foi et son espérance. Pour un chrétien jeûner est une manière de prophétiser, c’est-à-dire témoigner de la présence de l’Invisible. Ce qu’on devrait voir, c’est la transformation de sa personne dans le sens d’un plus grand amour des autres, d’une plus grande présence à Dieu et d’une espérance renouvelée en la réalisation de sa promesse de vie éternelle.
Je peux jeûner selon les prescriptions de l’Église – c’est plus facile de faire comme les autres – , ou bien choisir la manière qui me convient – mais alors c’est plus difficile de tenir à sa résolution. Matthieu rappelle l’enseignement de Jésus là-dessus:
«Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air sombre, comme font les hypocrites… Pour toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage, pour ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes, mais seulement à ton Père qui est là dans le secret.» (Mt 6, 16-18)
L’Église prescrit de jeûner le Mercredi des Cendres et le Vendredi saint; c’est bien, mais finalement, ce sera l’Esprit Saint qui me soufflera à l’oreille de quelle façon je pourrai laisser Dieu me transformer, me convertir, car les tentations du diable dont parle le récit de Luc (4, 1-2) montrent que l’être humain doit choisir entre les chemins de mort et les chemins de vie. Quel geste permettra à l’Esprit d’amour de me détourner des chemins de mort pour emprunter un chemin de vie? C’est à chacune et à chacun de voir.
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