C’est la question que l’autre me pose à Noël. Une fête qui a la vie dure, faut dire, faut croire même. Pendant plusieurs années, chez moi, quand les enfants étaient petits, l’interminable échange de cadeaux a, mine de rien, masqué le sens chrétien de la fête. Oh, c’était bien de manifester aux enfants, puis aux parents, puis au conjoint , et même au chien, l’amour les uns pour les autres. Mais on en oubliait le sens que les chrétiens des siècles passés ont voulu donner à la fête: que Dieu s’est donné aux humains en son Envoyé Jésus, qu’il se donnait même à chaque Noël et continuait de le faire tous les jours. Jeunes, nous avons appris que c’était le mystère de l’Incarnation, parce que Jean avait écrit au début de son évangile: le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire. Cette parole a toujours illuminé mes Noëls.
Mais, au fait, qu’est-ce qui illumine notre Noël? Que symbolisent les courants de lumières qui éclairent nos arbres, nos maisons, nos fenêtres, les bords de nos routes? Que le train de la consommation s’est ébranlée, que les marchands pourront faire 20%, 30%, 40%, de leur chiffre d’affaires annuel? Ou bien qu’on va profiter du temps où les jours se sont raccourcis au nord pour s’envoler vers le sud, ne serait-ce qu’une semaine, là où l’ensoleillement nous fera oublier quelque temps nos langueurs et maux de toutes sortes?
Il me revient alors ces belles pages de l’évangile de Jean – les plus mémorables pour moi – centrées sur l’affirmation de foi qui fait dire à Jésus: Je suis la lumière du monde. Cette toute petite parole explose au milieu du récit de la femme adultère et de celui de la guérison d’un aveugle. La femme adultère représentait pour les Juifs du temps de Jésus cette portion du peuple de Dieu qui avait plus ou moins renié la foi au Dieu Unique, tels les Samaritains, et ses accusateurs étaient ces purs qui avaient résisté à la tentation d’abandonner les chemins de leurs pères. Et qui ne comprendra pas que l’aveugle guéri a représenté de tout temps chaque personne qui ne sait plus où elle s’en va, qui ne sait plus distinguer sa gauche de sa droite? Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres: il aura la lumière qui conduit à la vie, écrit encore Jean, de son Maître.
Ces deux récits, plantés au beau milieu de l’évangile, veulent répondre à la question de l’identité de Jésus: qui est-il celui qui prétend pardonner les péchés autant que guérir les malades? Pour toute réponse, Jésus prétend parler et agir de son Père qui l’a envoyé et que lui seul connaît. Paroles insupportables pour les purs qui méditent de lapider Jésus.
Dans ces récits, on montre un Jésus qui redonne la vie à deux personnes. Si le Jésus auquel je crois est bien la lumière du monde, quel éclairage projette-t-il dans ma vie? Quelle lumière ma vie apporte-t-elle aux personnes qui me voient vivre? Noël devrait être un temps particulier où, au delà des récits d’enfants, nous racontons notre histoire personnelle avec Dieu, de baptisé, de personne re-née. Au baptême, la marraine et le parrain n’allument-ils pas un cierge pour symboliser la foi en Jésus, lumière du monde?
Devenu adulte dans la foi, suis-je capable de dire à l’autre, et surtout à mes enfants et petits-enfants, quelle espérance illumine ma vie, qu’est-ce que ça change pour moi que Dieu soit venu habiter notre monde?